Image représentant une peluche bleue à terre dans une rame de métro, l'air triste

Une peluche extraterrestre perdue dans le métro parisien
Le métro est aussi gris que d’habitude ce matin, à une exception près : elle est bleue et ne représente rien de connu sur cette planète. Une peluche de gamine dans les mains d'une adulte au cœur d'enfant.
Je suis assise et elle est debout à moins de deux mètres de moi, un bras entourant la rambarde pour ne pas tomber, les deux mains tenant sa peluche à laquelle elle parle et adresse de larges sourires.
Cela fait chaud au cœur, une telle vision.
Mon imagination prend le relais : elle doit revenir d'un rendez-vous galant dans une fête foraine, et c'est l'homme de sa vie qui lui a gagné cette peluche. C'est ce souvenir qui la rend tellement joyeuse dans la morosité ambiante.
Les gens autour d'elle n'osent pas la regarder directement, mais ils ont ces petits sourires en coin qui font comprendre qu'eux aussi ils ont été contaminés par la joie émanant de la jeune fille.
C'est beau, ça nous donne un air presque humain, ces petits sourires partagés dans la froideur matinale.
Puis aussi brusquement qu’un orage se mettant à gronder dans un ciel d’été, le ton de la jeune fille change, et monte. Elle ne parle plus à sa peluche, elle lui crie dessus. J'entends quelques mots de mon siège devenu soudain trop proche de l'éclat pour mon confort personnel.
— Méchante ! Méchante fille !
La foule s'écarte tandis qu'elle jette brutalement la peluche à terre et saute à pieds joints dessus. Et elle recommence. Et recommence encore. Rageusement.
Le métro s'arrête. Beaucoup descendent. Je descends également, même si ce n'est pas ma station. Je fuis.
Alors que les portes se referment, tout ce que j'aperçois, c'est son sourire à l'envers au milieu d'un visage noyé de larmes.

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